Katanga : la poudrière électorale
Bien que le processus électoral de 2023 se soit déroulé sans incidents majeurs de violence, contrairement aux élections de 2006 et 2011, les tensions socio-politiques exacerbées par ces élections, placent le Katanga - divisé en quatre provinces depuis 2015 - au bord d’une instabilité potentielle durant le second mandat du président de la République Félix Tshisekedi.
Publiée ce mardi par Ebuteli, la première note de notre série d’analyses sur la violence électorale, intitulée Katanga, la poudrière électorale, explore les dynamiques complexes de cette région minière et poumon économique de la RDC. La combinaison de discours identitaires et populiste, les tensions historiques entre Katangais et Kasaïens, les menaces fréquentes de sécession, et la présence de milices armées dans les provinces du nord paraissent être des facteurs propices à des contestations susceptibles de dégénérer en violence.
Avant et pendant les élections, le renforcement de la présence militaire dans les zones à haut risques de la région, la restructuration du commandement de la 22e région militaire, ainsi que les faiblesses dans la capacité de mobilisation de l’opposition ont été déterminants pour contenir les tensions et empêcher leur escalade.
La note décrit comment les périodes susceptibles d’aggraver les tensions dans l’espace katangais pourraient coïncider aujourd’hui avec l’élection des gouverneurs, la mise en place du bureau définitif de l’Assemblée nationale, la formation du gouvernement national à venir et la nomination des mandataires dans les entreprises publiques.
Un autre facteur de risque réside dans l’opportunisme des milices armés : bien qu’elles n’aient souvent pas revendications politiques claires, elles demeurent des outils pouvant être manipulés par des politiques. Si elles reçoivent le soutien de personnalités politiques, cela pourrait augmenter leur capacité d’action et contribuer à l’escalade de la violence au-delà de leur zone d’influence actuelle.
Enfin, la note d’analyse rappelle que le rôle des militants des partis politiques n’est pas à négliger. Ces derniers se disputent souvent le contrôle des zones économiques et politiques de la région. De plus, ces militants agissent fréquemment de manière autonome, sans nécessairement suivre les directives de leur hiérarchie. Ce qui les rend particulièrement imprévisibles.