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Kinshasa, entre accalmie et résurgence des tension

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Kinshasa, entre accalmie et résurgence des tension

Feb 13, 2025
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Si les élections de décembre 2023 se sont déroulées sans violences majeures à Kinshasa, les troubles de fin janvier, après la prise de la ville de Goma, dans le Nord-Kivu, rappellent que la capitale reste un terrain propice aux tensions et confrontations. Publiée ce jeudi par Ebuteli, la deuxième note d’analyse de notre série sur la violence électorale, intitulée « Kinshasa, entre accalmie et résurgence des tensions », identifie les acteurs potentiels de la violence politique à Kinshasa et l’impact grandissant des tensions nationales sur l’équilibre de la capitale.

Contrairement aux périodes de contestation massive sous la présidence de Joseph Kabila, Kinshasa semble aujourd’hui plus passive face au pouvoir en place. Fragmentée et affaiblie, l’opposition peine à mobiliser, d’autant plus que la répression systématique des manifestations a considérablement réduit son influence. Par ailleurs, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), autrefois fer de lance de la contestation, fait désormais partie du pouvoir et cherche à verrouiller l’espace politique. 

Mais d’autres acteurs sont désormais à la manœuvre. À Kinshasa, plusieurs groupes violents, qu’ils soient politiques, criminels ou identitaires, peuvent être activés en fonction des besoins stratégiques des élites : 

  • Les « Forces du progrès », bras armé informel de l’UDPS, jouent un rôle clé dans la mobilisation partisane, mais aussi dans la répression des opposants et des mouvements citoyens ;

  • Les Kuluna, gangs criminels issus des quartiers défavorisés, sont souvent utilisés comme force d’intimidation par des acteurs politiques. Comme les Forces du progrès, ils peuvent être instrumentalisés en période de tension ; 

  • Les Batu ya makasi, regroupant notamment des pratiquants en arts martiaux, sont à la fois protecteurs et de mercenaires politiques, offrant leurs services aux personnalités influentes. Leur rôle a été déterminant lors des attaques du 28 janvier contre les ambassades. 

  • Les forces de sécurité, censées garantir l’ordre public, sont régulièrement détournées pour des missions de répression politique. Arrestations arbitraires et violences ciblées témoignent de cette dérive.

Si l’aggravation de la situation sécuritaire, marquée par la conquête de nouvelles villes par le M23 et les troupes rwandaises, continue d’alimenter les frustrations et les crispations politiques, elle pourrait, dans un contexte déjà crispé par le projet controversé de réforme constitutionnelle, catalyser une nouvelle vague de contestation. 

Pour éviter une explosion de violence à Kinshasa dans les jours ou semaines à venir, cette note d’analyse recommande, entre autres, de renforcer la surveillance des groupes violents et d’empêcher leur instrumentalisation à des fins politiques ; de mettre en place des mécanismes garantissant l’impartialité des forces de l’ordre ; d’assurer la transparence des enquêtes sur les violences politiques en sanctionnant les abus ; et d’impliquer la jeunesse et la société civile dans la définition des priorités de gouvernance.

Lire et télécharger l’intégralité de la note d’analyse.