Javascript est désactivé
Quelle crédibilité pour un fichier électoral sans registre complet de la population ?

|

Quelle crédibilité pour un fichier électoral sans registre complet de la population ?

Jan 21, 2025
3
min read.
Download

« Quelle crédibilité pour un fichier électoral sans registre complet de la population ? », c’est l'intitulé de la troisième note d’analyse d’Ebuteli, publiée ce mardi. Cette étude analyse les enjeux des fichiers électoraux en Afrique, avec un focus sur la République démocratique du Congo (RDC) et le Cameroun. Elle montre que la biométrie, malgré ses avancées en matière de précision et de sécurité dans l’enregistrement des électeurs, ne peut garantir à elle seule la fiabilité des registres électoraux.

En RDC, les élections sont régulièrement contestées en raison d’accusations de manipulations présumées des fichiers électoraux. Lors des scrutins de 2018 par exemple, l’audit de l’Organisation internationale de la francophonie avait révélé que 16 % des électeurs inscrits figuraient dans le fichier électoral sans empreintes ou avec empreintes incomplètes ou illisibles. Une situation qui a exacerbé la méfiance des parties prenantes et affaibli la crédibilité du processus électoral. Au Cameroun, l’absence d’un registre de population complet compromet également la fiabilité des listes électorales. En 2024, seulement 24 % de la population totale était inscrite sur les registres, un chiffre qui soulève des soupçons de fraude.

Bien que l’introduction de la biométrie en RDC dès 2005 ait permis de centraliser et de sécuriser les données biométriques, l’absence d’interconnexion avec d’autres registres essentiels – tels que les registres d’état civil, de santé et de justice – limite son efficacité. Elle ne permet pas de détecter efficacement les doublons, les électeurs décédés ou les cas d’usurpation d’identité.

Des défis techniques subsistent également : des pertes de données des électeurs ont été signalées lors des scrutins de 2005, 2011 et 2023, compromettant la crédibilité des listes électorales. Par ailleurs, l’enrôlement répété de mineurs montre que la biométrie ne peut, à elle seule, prévenir certaines irrégularités sans une vigilance accrue des agents électoraux.

Face à ces défis, Ebuteli formule plusieurs recommandations concrètes pour améliorer la crédibilité des fichiers électoraux en RDC et ailleurs : 

  1. Renforcer les registres de population, en organisant un recensement général de la population en RDC pour établir des données de base fiables ; 

  2. Améliorer l’interopérabilité des bases de données, en connectant les fichiers électoraux avec les registres de l’état civil, de santé et de justice, afin de garantir la transparence, d’éliminer les doublons et de détecter les électeurs décédés ; 

  3. Renforcer l’indépendance et la transparence de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), en mettant en place des audits réguliers et indépendants des fichiers électoraux avant chaque élection ;

  4.  Former les agents électoraux à l’utilisation et à la gestion des technologies biométriques.

Cette note souligne que, si la biométrie constitue une avancée technologique majeure pour sécuriser les registres de vote, elle doit s’inscrire dans un cadre plus large. Une approche systémique, reposant sur des infrastructures solides, des données fiables et une transparence accrue, est indispensable pour garantir des élections crédibles et inclusives.

L'intégralité de l'analyse es à télécharger

À propos des auteurs