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Gouvernement Suminwa ou une équipe constituée à la discrétion de Tshisekedi ?

Gouvernement Suminwa ou une équipe constituée à la discrétion de Tshisekedi ?

May 31, 2024

Attendu depuis près de deux mois, le gouvernement que dirigera Judith Suminwa a été rendu public dans la nuit du 28 au 29 mai. Quelles sont les caractéristiques de cette nouvelle équipe chargée de mettre en œuvre les six engagements du président Félix Tshisekedi ? 

Bonjour et bienvenue dans ce 21e épisode de la saison 4 de Po Na Biso, la capsule audio d’Ebuteli,  institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence, et du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) qui analyse, chaque semaine, un sujet de l’actualité congolaise. Je m’appelle Ithiel Batumike. Je suis chercheur au pilier politique d’Ebuteli. Nous sommes le vendredi 31 mai 2024.

Au total, 54 membres composent le gouvernement Suminwa, soit seulement trois de moins que le gouvernement Sama II. Les promesses de réduction du train de vie des institutions et les appels pressants à resserrer l’équipe gouvernementale n’ont donc pas été respectés. Les profils des membres du gouvernement sont diversifiés. Un gouvernement qui semble privilégier plus la compétence. Vingt-six d’entre eux sont issus de l’Assemblée nationale. De même, 17 parmi eux ont occupé des portefeuilles au sein du précédent gouvernement. Certains sont maintenus à leur poste tels Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement, et Guy Loando, ministre de l'Aménagement du territoire. D’autres sont permutés comme Jean-Pierre Bemba qui quitte la Défense nationale pour gérer les Transports et voies de communication. 

La parité homme-femme ne progresse que légèrement : la représentation des femmes est passée de 28 à 31%. Derrière la cheffe du gouvernement, première femme de l’histoire de la RDC à occuper ce poste, aucune femme n’a rang de vice-Premier ministre, ce qui relègue la plupart à des rangs protocolaires plus bas. Cependant, certaines femmes occupent des portefeuilles importants comme le ministère des Affaires étrangères ou encore l'Éducation nationale.

S’agissant de la représentation nationale en termes de provinces, le Maniema, à travers ses élus, se dit non représenté. 

Enfin, ce gouvernement n’est pas l’apanage de la seule majorité parlementaire de l’Union sacrée de la nation (USN). Il ressemble un peu à un gouvernement d’union nationale avec des personnalités de la société civile ou sans long parcours au sein des partis politiques comme Leonie Kandolo, Kizito Mulume, Raïssa Malu, Louis Watum, Wamba Wagner, Yolande Elebe, etc. Constant Mutamba, ancien candidat à la présidentielle face à Tshisekedi, a également été nommé ministre de la Justice. Cela témoigne de la volonté de faire émerger de nouvelles figures, mais aussi d’une certaine centralisation du pouvoir entre les mains du président Tshisekedi. Plusieurs de ses choix, ses proches ou cadres de son parti occupent de grands portefeuilles : Intérieur, Défense, Affaires étrangères, Budget, Finances, Hydrocarbures et Infrastructures. 

Mais certaines formations politiques de l’USN semblent ne pas être satisfaites. La longueur des négociations pour la formation de cette équipe, en dépit d’une majorité confortable de la coalition, témoigne de ces tiraillements. Même si, à l’arrivée, le poids politique ou électoral de chaque regroupement ne semble pas avoir été le critère de répartition des portefeuilles.

Ce cap de la nomination franchi, le gouvernement devra désormais s’atteler à élaborer et présenter son programme devant l’Assemblée nationale afin d'être investi d’ici le 15 juin. Cela devrait être la matérialisation du programme électoral 2023-2028 du président Tshisekedi décliné en six engagements majeurs dont la création d’emplois, le pouvoir d’achat, la sécurité, l’accès aux services sociaux de base. 

  Reste à savoir la marge de manœuvre dont chaque ministre va disposer.  Ou si le cabinet du président de la République va continuer à s’ériger en gouvernement parallèle, comme à l’époque de la coalition avec l’ancien président Joseph Kabila. Aujourd’hui, ayant désormais une équipe ministérielle mise en place à sa discrétion, le président Tshisekedi devrait, normalement, laisser la gestion quotidienne de l’État au  gouvernement, seul responsable devant le Parlement.  

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