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 L’UDPS et la permanente révolution

L’UDPS et la permanente révolution

Jul 19, 2024

L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS/Tshisekedi) est-elle au bord de l’implosion ? C’est ce que laissent paraître les médias congolais et étrangers qui commentent les nouvelles dissensions au sein du parti au pouvoir en RDC. Mais l’UDPS, familière aux crises internes, pourrait survivre à celle-ci aussi. Voici pourquoi. 

Bonjour ! Je m’appelle Fred Bauma. Je suis analyste et directeur exécutif d'Ebuteli. Vous écoutez le 28e épisode de la saison 4 de Po Na Biso, capsule audio d’Ebuteli et du Groupe d’étude sur le Congo (GEC). Nous sommes le vendredi 19 juillet 2024.

Depuis quelques jours, des appels à la démission d’Augustin Kabuya, secrétaire général et président intérimaire de l’UDPS se multiplient. Lancé par la lettre de Eteni Longondo, cadre du parti et ancien ministre de la Santé, quelques factions importantes de l’UDPS se sont rapidement jointes à l’appel. Il s’agit notamment des 33 secrétaires nationaux, du président de la ligue des jeunes du parti, et surtout de Gecko Beya, cadre influent au sein de la Force du progrès. Les parlements débout de l’UDPS, ces structures informelles importantes dans la mobilisation et la propagande du parti, constituent, à côté de la Force du progrès et de la ligue des jeunes, la base de mobilisation de ce qui était jadis le plus important parti de l’opposition. 

Ils reprochent à Kabuya notamment « le clientélisme, la gestion personnalisée du parti, l’apologie de la corruption, les écarts de langage envers les cadres, l’abus du pouvoir ». Dr Longondo, dans sa lettre, alerte sur la nécessité de réorganiser le parti et demande l’organisation d’un congrès extraordinaire. En réaction, Augustin Kabuya a à son tour réuni d’autres institutions du parti et a décrété « l’auto-exclusion » des frondeurs. 

L’UDPS n’est pas à sa première crise, bien au contraire. Depuis ses premières années, il y a plus de 40 ans, le parti des Tshisekedi est passé par plusieurs secousses qui l’ont déplumé de ses cadres dans les années 80, 90, et début 2000 ; et même plus récemment avec le départ de Jean-Marc Kabund, ancien président a.i. Ni l'accession au pouvoir en 2019 ni sa consolidation en 2023 - l'UDPS est passé de 32 députés en 2019 à près de 150 dans la législature actuelle - ne semblent avoir mis fin à cette  propension à la fronde. La contestation du pouvoir est presque devenue l’ADN de ce parti au point de se créer sa propre opposition. 

Cependant, contrairement à la vague de Kabund ou de Mubake, cette fronde ne remet pas en question le pouvoir du président Félix Tshisekedi, le fils du sphinx, qui, par sa position à la tête du pays, fédère les réformistes et les conservateurs. La crise actuelle au sein de l’UDPS pourrait donc difficilement aboutir à la scission du parti et encore moins à son implosion. Elle pourrait cependant fragiliser l’action de l’UDPS au sein des institutions.

Mais Augustin Kabuya, en perte d’influence, pourra-t-il être déguerpi de la tête du parti ? Placé au centre des jeux politiques comme informateur pour l’identification de la majorité au parlement, celui-ci, malgré ses ambitions affichées, n'a pas su se positionner ni comme vice-président de l’Assemblée nationale, ni comme vice-président du Sénat. En revanche, les courants qui lui sont critiques au sein de l’UDPS semblent, eux, avoir consolidé leur pouvoir aussi bien au parlement qu’au gouvernement.  Cependant, Kabuya  compte encore sur le soutien de la puissante Marthe Kasalu, mère du président de la République et cadre historique de l’UDPS. La base pourra-t-elle faire fléchir la mère ? 

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