Violences en RDC : taux de mortalité alarmants parmi les femmes et les enfants déplacés
Les violences dans la province du Nord-Kivu ont provoqué le déplacement de plus de 1,7 million de personnes depuis novembre 2021 selon le rapport « La résurgence du M23 : rivalités régionales, politique des donateurs et blocage du processus de paix ». Parmi ces déplacés, les femmes et les enfants sont particulièrement vulnérables. Le rapport critique également la réponse internationale, soulignant que, malgré la condamnation du Rwanda par les donateurs, sa position internationale demeure relativement stable en raison de son importance stratégique en Afrique. Comment la communauté internationale réagit-elle face à cette crise humanitaire ?
Bonjour et bienvenue dans ce 31e épisode de la saison 4 de Po Na Biso, la capsule audio du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) et d’Ebuteli, qui analyse chaque semaine un sujet d'actualité en République démocratique du Congo (RDC). Je suis Alice Viollet, responsable de programme du GEC. Nous sommes le vendredi 9 août 2024.
Médecins Sans Frontières (MSF) a récemment publié une enquête révélant l'ampleur des violences subies par les femmes déplacées en raison du conflit dans l'est de la RDC. Réalisée en avril 2024 dans les camps de Bulengo, Elohim, Rusayo 1 et 2, et Shabindu, l'étude met en évidence des taux de mortalité alarmants parmi les populations déplacées, avec une prévalence élevée de décès dus à la violence, aux maladies, et à la malnutrition. Les données montrent que le taux de mortalité parmi les femmes et les enfants déplacés est cinq fois supérieur à la moyenne nationale, avec des carences alimentaires sévères et des violences sexuelles systématiques.
Face à cette urgence humanitaire, la Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en RDC (Monusco) créée en 2010, comprenait 14 000 militaires et environ 1 600 policiers en février 2023. En réponse aux critiques concernant son efficacité limitée et à l'évolution de la situation, le mandat de la mission a été modifié pour améliorer la protection des civils et renforcer la coopération régionale. Le Conseil de sécurité des Nations unies a notamment autorisé mardi la Monusco à fournir un soutien logistique à la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), visant à optimiser l'efficacité des interventions pour restaurer la paix et la sécurité dans la région.
En parallèle, les États-Unis ont récemment imposé des sanctions contre l’Alliance Fleuve Congo (AFC), incluant le M23, pour son rôle dans l'aggravation de la crise humanitaire en RDC. Les États-Unis ont également annoncé ce mercredi une aide humanitaire de 424 millions de dollars pour la RDC. Cette aide est destinée à répondre aux besoins urgents des personnes touchées par le conflit, notamment en matière de sécurité alimentaire, de soins de santé et de services de protection.
L’ampleur de cette situation humanitaire met en évidence la nécessité de résoudre définitivement les conflits dans l'est de la RDC par une approche plus intégrée. Bien que l'aide internationale en cours soit un pas dans la bonne direction, elle semble encore limitée par rapport aux défis à surmonter. Une réponse renforcée, coordonnée et durable de la part du gouvernement congolais, des instances régionales, des organisations internationales et des nations donatrices sera cruciale pour répondre aux besoins essentiels des populations affectées et apporter la stabilité.
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