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Faut-il s’inquiéter de l’augmentation de la dette publique ?

Faut-il s’inquiéter de l’augmentation de la dette publique ?

Apr 12, 2024

Le 7 avril, la Direction générale de la dette publique (DGDP) a révélé que la dette publique de la République démocratique du Congo (RDC) a triplé en l’espace de cinq ans pour franchir désormais le cap des 10 milliards de dollars américains. Cette annonce a suscité de nombreuses inquiétudes concernant les risques potentiels de surendettement ainsi que les implications théoriques de cette dette. Cependant, au-delà des débats sur les chiffres, les questions fondamentales demeurent sur l’utilisation des fonds empruntés et leurs impacts sur les générations futures. 

Bonjour! Je suis Jacques Mukena, chercheur principal au pilier gouvernance à Ebuteli. Vous écoutez le 14e épisode de la saison 4  de Po Na Biso (anciennement Po Na GEC), capsule audio de l’institut congolais de recherche sur la gouvernance, la politique et la violence, Ebuteli, et du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) qui donne notre point de vue sur une question d’actualité en RDC. Nous sommes le vendredi 12 avril 2024.

L’analyse de la dette publique de la RDC révèle trois points clés. D’abord, la RDC se distingue comme l’un des pays les moins endettés d’Afrique subsaharienne, avec une dette représentant seulement 17 % de son Produit intérieur brut (PIB). Cela contraste fortement avec ses voisins, dont beaucoup ont des charges de dette qui dépassent largement leur PIB. Par exemple, le ratio d’endettement du Congo-Brazzaville est de 99 %, celui de la Zambie de 104 %, celui du Gabon de 57,8 % et celui de l’Angola de 87 %

Cependant, un faible niveau d’endettement n’est pas forcément synonyme de bonne santé économique. En effet, la RDC rencontre des difficultés de mobilisation des recettes fiscales, ce qui pourrait limiter sa capacité à rembourser ses dettes. D’ailleurs, le Fonds monétaire international (FMI) classe toujours la RDC dans la catégorie à risque modéré de surendettement, et souligne des préoccupations quant à sa capacité à gérer et rembourser ses dettes. Cette situation est aggravée par la forte dépendance de l’économie congolaise aux exportations de minerais. Ceci la rend vulnérable aux fluctuations des prix des matières premières. Enfin, l’augmentation récente de la dette soulève des questions légitimes, surtout en comparant par exemple à 2010. Cette année-là, l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) avait permis une réduction significative de la dette publique, passant de 13 milliards à environ 2,9 milliards de dollars américains. Or en 2019, au début du mandat de Félix Tshisekedi, la dette atteignait déjà 5,6 milliards de dollars.

Au-delà des débats sur les chiffres, l’enjeu principal concerne l’utilisation de cette dette entre 2019 et 2024. Certes, des projets significatifs tels que l’instauration de la gratuité de l’enseignement et la construction d’infrastructures, notamment routières, ont profité de financements externes de la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD). Par ailleurs, le pays a réussi, pour la première fois, à valider la cinquième revue de l’accord de facilité élargie de crédit avec le FMI; ceci ouvre la voie à l’obtention de finances supplémentaires pour soutenir les efforts de développements du pays.

Mais, le véritable tableau de l’utilisation de la dette reste obscurci par des inquiétudes persistantes concernant la gouvernance, la corruption et la mauvaise gestion des ressources. En 2021 par exemple, la Banque mondiale avait suspendu un financement de 100 millions destiné à soutenir la gratuité de l’enseignement suite à des accusations de détournement. En 2022, un rapport de la Cour des comptes révèle des irrégularités dans la gestion de plus de 300 millions de dollars attribués par le FMI pour la lutte contre le Covid-19.

L’utilisation abusive des fonds empruntés ne sabote pas seulement les objectifs visés par ces projets, mais risque également de perpétuer un cycle de dette et de sous-développement. Au lieu de contribuer à la croissance économique et à la réduction de la pauvreté, une dette mal gérée peut alourdir davantage le pays d’obligations d’endettement insoutenables. 

En attendant, vous pouvez rejoindre notre fil WhatsApp en envoyant « GEC » ou « Ebuteli » au +243 894 110 542 pour recevoir Po Na Biso chaque vendredi sur votre téléphone. À bientôt !

 

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