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M23 : trébuchement à Luanda, avancées militaires en RDC, division au Conseil de sécurité de l’ONU

M23 : trébuchement à Luanda, avancées militaires en RDC, division au Conseil de sécurité de l’ONU

Jan 17, 2025

Attendu le 15 décembre dernier, le sommet tripartite à Luanda entre les chefs d’État Félix Tshisekedi, Paul Kagame et João Lourenço n’a pas eu lieu, annulé à la dernière minute par l’absence du président rwandais. Kagame a justifié son absence par le refus de la RDC d'entamer des négociations directes avec le M23. Accusant Kigali d’avoir bloqué délibérément la signature attendue d’un accord de paix, Kinshasa a, pour sa part, indiqué son ouverture à la participation du M23 au processus de Nairobi tout en refusant d’engager des négociations directes avec lui. Entretemps, des avancées militaires importantes par le M23 ont été enregistrées sur le terrain, alors que les discussions sur le conflit continuent au conseil de sécurité des Nations unies, où une division se dessine entre pays occidentaux et africains. Quelle est la situation actuelle de ce conflit ?

Bonjour ! Nous sommes le vendredi 17 janvier et vous écoutez le deuxième épisode de la saison 5 de Po Na Biso, capsule audio du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) et d’Ebuteli qui éclaire, chaque semaine, un sujet de l’actualité congolaise. Je m’appelle Joshua Walker et je suis le directeur de programme du GEC.

Dans le mois qui a suivi cet échec de Luanda, les choses ont beaucoup évolué. Alors que l’armée congolaise dit mener une contre-offensive, le M23 a notamment pris la cité de Masisi (chef-lieu du territoire du même nom, dans le Nord-Kivu) le 4 janvier. En même temps, il a continué son avancée vers le nord, dans le territoire de Lubero. Ces avancées sur le terrain ont été rejointes par la sortie du rapport, début janvier, de mi-mandat du Groupe des experts sur la RDC de l’ONU qui a, une fois de plus, pointé la présence de troupes rwandaises en appui au M23 sur le sol congolais ainsi que le soutien des FARDC aux FDLR.

Entretemps, l’Angola a sorti un communiqué de presse le 7 janvier condamnant la prise de Masisi et exprimant sa « profonde préoccupation face à l’escalade du conflit et à la conquête illégale de territoires en RDC, qui constituent une violation de l’intégrité territoriale de la RDC ». Un communiqué qui aurait fortement déplu à la partie rwandaise.

À la suite de cette dernière escalade, la France a appelé à une réunion à huis-clos du Conseil de sécurité de l’ONU sur la situation et a proposé l’adoption d’une déclaration à la presse de cet organe sur la situation en RDC. La réunion s’est tenue le 15 janvier. Par contre, le texte de déclaration de presse ferait encore l’objet de discussions entre des membres du Conseil qui souhaiteraient citer le Rwanda explicitement et ceux qui ne le veulent pas. Ce qui rappelle des négociations autour du langage dans la résolution pour le renouveau du mandat de la Monusco en décembre. Contrairement aux pays occidentaux comme les États-Unis et la France, ce sont les membres africains–la Sierra Leone, l’Algérie et la Somalie—du Conseil de sécurité de l’ONU qui ne souhaitent pas pointer du doigt le soutien rwandais au M23.

Quelle suite donc pour le processus de Luanda et le M23 ? Pour répondre à cette question, retenez deux dates importantes. Premièrement, l'investiture de Donald Trump comme président des États-Unis le 20 janvier. Les États-Unis ont été parmi les plus critiques du soutien rwandais pour le M23 : est-ce que cette politique continuera sous l’administration de Trump, ou sera-t-elle moins impliquée dans les efforts de résolution de ce conflit ? Deuxièmement, le sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine, qui se tiendra le 15 et 16 février. Le conflit dans l’est du Congo sera certainement évoqué par le médiateur angolais, João Lourenço, qui en même temps assumera la présidence de l’Union africaine. Il est possible, selon une source onusienne, que ce sommet soit l’occasion de redynamiser le processus de Nairobi, créé en 2022 par la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) sous la médiation de l’ancien président kényan Uhuru Kenyatta pour encadrer les négociations avec les groupes armés domestiques en RDC, qui stagne depuis presque deux ans. Entre autres, le président Kenyatta pourrait recevoir un mandat de l’Union africaine et ainsi redémarrer ce processus pour ensuite adresser indirectement la question des négociations avec le M23 qui bloque le processus de Luanda. Rappelons que le président Kenyatta était également présent à Luanda le 15 décembre pour le sommet tripartite prévu. Si l’impasse diplomatique persiste, les prochaines étapes auront probablement lieu sur le champ de bataille.

En attendant la suite, vous pouvez recevoir Po Na Biso chaque semaine sur votre téléphone en écrivant « GEC » ou « Ebuteli » au +243 894 110 542. À bientôt !

 

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