Au forum de haut niveau organisé à Luanda les 17 et 18 octobre, des femmes leaders de la région des Grands Lacs se sont réunies autour du thème : renforcer le rôle des femmes dans la paix en Afrique centrale. Cette rencontre visait à soutenir le processus de cessez-le-feu entre la RDC et le Rwanda, en réponse aux tensions persistantes. Permettra-t-elle des avancées concrètes dans ce processus ?

Bonjour, je suis Naomie Moke, fellow à Ebuteli. Vous écoutez le 43e épisode de la saison 4 de Po Na Biso, capsule audio d’Ebuteli et du Groupe d’étude sur le Congo (GEC). Ce podcast vous apporte notre analyse sur un sujet d'actualité en RDC. Nous sommes le vendredi 1er novembre 2024.

La délégation des femmes congolaises, déterminées à trouver des solutions concrètes, a participé à ce forum pour mobiliser un soutien accru face à la situation sécuritaire dans l’est du pays et analyser les obstacles aux négociations en cours malgré la montée du nombre de victimes. « Nous sommes satisfaites et reconnaissantes d'avoir été entendues, et de voir nos préoccupations prises en compte par le président Joao Lourenço en tant que médiateur dans le processus de Luanda. Nous avons également reçu le soutien précieux d'autres femmes d'Afrique centrale », a déclaré madame Julienne Lusenge, l'une des membres de la délégation, lors de la réunion de restitution tenue le 29 octobre à laquelle j’ai assistée.

Lors de ce forum de Luanda, trois thématiques ont été abordées : l'impact de la paix et des conditions humanitaires sur les femmes dans les zones de conflit, la situation humanitaire et sécuritaire dans l'est de la RDC, ainsi que les moyens de renforcer la participation des femmes au processus de paix.

Les conflits entre la RDC et le Rwanda ont des répercussions profondes sur la population, en particulier les femmes, qui en subissent souvent les conséquences les plus lourdes. Leur rôle est essentiel dans les initiatives de paix. Selon la Résolution 1325 du Conseil de sécurité de l'ONU adoptée le 31 octobre 2000, une plus grande représentation féminine dans les négociations augmente de 35 % les chances de succès et de durabilité des accords. Les femmes apportent des perspectives uniques et des solutions innovantes qui enrichissent les discussions et renforcent les accords de paix. Elles pourraient par exemple influer pour l’adoption des mesures de protection inclusive. Il peut s’agir, entre autres, de la mise en place des commissions de suivi avec une représentation féminine, de programmes de protection pour les survivants de violence

Cette rencontre des femmes leaders de la région des Grands Lacs est donc un pas dans la bonne direction, mais elle doit s’accompagner d’une volonté politique et d’actions concrètes pour avoir un réel impact.  La complexité de la situation sécuritaire dans les Grands Lacs, marquée par des enjeux politiques et historiques profonds, exige plus qu’un engagement symbolique. 

Pour que ce forum mène à des avancées concrètes, les engagements pris doivent être soutenus par une pression diplomatique constante et l’application stricte des accords. Aujourd’hui, en RDC, des stéréotypes de genre et un soutien institutionnel limité freinent encore l’ inclusion des femmes dans les discussions. Cela empêche les femmes de proposer des solutions concrètes à la situation sécuritaire. Il est indispensable d’intégrer les perspectives féminines dans les négociations de paix pour garantir à la région un avenir pacifique et inclusif. C’est dans ces conditions réunies que les femmes peuvent faire avancer le processus de Luanda. 

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