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RDC : quelle lecture de la conclusion historique du programme avec le FMI ?

RDC : quelle lecture de la conclusion historique du programme avec le FMI ?

Jul 12, 2024

Le gouvernement de la RDC a récemment achevé, pour la première fois de son histoire, un des programmes de prêts du Fonds monétaire international (FMI). Ce dernier, connu sous le nom de la facilité élargie de crédit (FEC), a octroyé à la RDC 1,5 milliard de dollars. Quels sont les réels bénéfices pour les Congolais ?

 Bonjour et bienvenue dans ce 27e épisode de la saison 4 de Po Na Biso, la capsule audio d’Ebuteli et du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) qui analyse, chaque semaine, un sujet de l’actualité congolaise. Je m’appelle Jacques Mukena. Je suis chercheur principal au pilier gouvernance d’Ebuteli.

Nous sommes le vendredi 12 juillet 2024.

Le FMI propose divers instruments de crédit principalement destinés à soutenir la balance de paiements des pays en difficulté économique. Ces instruments s’accompagnent des conditions financières et structurelles rigoureuses, et souvent très contraignantes, dont le non-respect peut entraîner la suspension ou l’annulation des financements. En 2012, par exemple, un crédit de plus de 500 millions de dollars avait été annulé sous Joseph Kabila en raison du manque de transparence concernant les contrats miniers.

La situation a évolué différemment sous Félix Tshisekedi: il y a eu, en tout cas, une volonté de respecter les nombreuses conditions du FMI comme la modernisation de la collecte des recettes, le renforcement de l’indépendance de la Banque centrale du Congo (BCC), et d’autres réformes dans la mobilisation et la gestion des finances publiques. Ces initiatives ont non seulement permis de conclure le programme mais ont aussi favorisé l’obtention de fonds supplémentaires de partenaires tels que la Banque mondiale et l’Agence française de développement (AFD). Les réserves de change ont ainsi considérablement augmenté, passant de 800 millions de dollars en 2021 à 5,5 milliards en 2024. Ceci a stabilisé une situation macroéconomique déjà menacée par des facteurs externes comme la guerre en Ukraine, et internes comme le conflit dans l’est du pays.

Alors, quelles sont les implications de cette avancée pour le quotidien des Congolais ? 

Si le gouvernement a respecté presque toutes les conditions du FMI, il semble que la conformité formelle à ces exigences soit privilégiée, même si elles ne profitent pas réellement aux Congolais. Ceci s’illustre par la réalité sur terrain. Par exemple, malgré la publication de plus d’une centaine de contrats miniers, y compris le plus récent renégocié avec la Chine, les termes ne sont pas forcément bénéfiques pour les Congolais. La gestion des finances publiques, une autre condition essentielle du FMI, suscite également des inquiétudes. Malgré des mesures visant à assainir les finances publiques, les détournements de fonds, la corruption et la mauvaise gestion persistent. Autre chose: les dépenses par procédure d’urgence, justifiées par des priorités sécuritaires et les élections de 2023, sont devenues récurrentes, ce que le FMI lui-même a critiqué. Plus important encore, le quotidien des Congolais continue de se détériorer : perte du pouvoir d’achat, inflation très élevée, retards dans le paiement des salaires des fonctionnaires, etc.

Quel bilan tirer ? Il faut d’abord reconnaître que ce crédit a effectivement aidé le pays à naviguer un contexte économique mondial particulièrement difficile. Un programme avec le FMI, surtout s’il est achevé avec succès, peut renforcer la crédibilité d’un pays et faciliter l’accès à des financements supplémentaires et attirer aussi des investissements étrangers. Mais, le recours au FMI est un signal que le pays a des difficultés à générer des revenus internes. Ce qui est paradoxal pour un pays très riche en ressources comme la RDC. Aussi, le rôle du FMI n’est pas de développer un pays; cette responsabilité revient uniquement au gouvernement. Les fonds que la RDC a reçus, quel que soit leur montant, n’auront un impact positif que si la même volonté à remplir les conditions du FMI est aussi orientée vers une bonne utilisation des crédits et des ressources internes.

En attendant que cela devienne une réalité, vous pouvez rejoindre notre fil WhatsApp en envoyant « GEC » ou « Ebuteli » au +243 894 110 542 pour recevoir Po Na Biso chaque vendredi sur votre téléphone. Merci pour votre attention. À bientôt !

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