Javascript est désactivé

|
Podcast
Réhabilitation de la piste de l'aérodrome de Mulonde : entre générosité et violation de la loi

Réhabilitation de la piste de l'aérodrome de Mulonde : entre générosité et violation de la loi

Oct 18, 2024

Moïse Katumbi, ancien candidat à la présidentielle de 2023, avait lancé les travaux de réhabilitation de la piste de l'aérodrome de Mulonde dans le territoire de Pweto, province du Haut-Katanga. Cette initiative s'inscrivait dans le cadre de ses actions philanthropiques menées à travers la République démocratique du Congo. Cependant, contrairement à d'autres œuvres caritatives déjà entreprises par lui, celle-ci a suscité un malentendu avec l’État congolais. 

Bonjour, je suis Anicet Mazuni Senker, Fellow à Ebuteli. Vous écoutez le 41e épisode de la saison 4 de Po Na Biso, capsule audio d’Ebuteli et du Groupe d’étude sur le Congo (GEC). Chaque semaine, ce podcast vous apporte notre analyse sur un sujet d'actualité en RDC. Nous sommes le vendredi 18 octobre 2024.

La réhabilitation de l'aérodrome de Mulonde a suscité beaucoup de réactions dans l’espace politique congolais depuis le début du mois d’octobre. Exécutée par Moïse Katumbi, ancien gouverneur du Katanga, cette action a été désavouée par les structures étatiques compétentes. Comme en témoigne la lettre du 03 octobre signée par l’autorité de l’aviation civile dénonçant la violation de la procédure. Elle reproche à Moïse Katumbi d’avoir commencé les travaux sans en avoir informé préalablement l’autorité de tutelle et sans avoir obtenu son autorisation. Ce qui constitue une violation de  la loi exposant l’opposant à Félix Tshisekedi à des poursuites pénales. En effet, l’article 183 alinéa 1 de la loi relative à l’aviation civile en RDC souligne qu’: « est puni d’une servitude pénale de six mois à deux ans et d’une amende de deux millions à cinq millions de francs congolais, quiconque construit et exploite un aérodrome sans autorisation de l’autorité de l’aviation civile». En attendant, lesdits travaux ont été suspendus et les ouvriers sur ce chantier arrêtés. 

Cette réaction des autorités a fait réagir le camp Katumbi qui souligne que cette  suspension constitue un acharnement et un chantage de plus, car dit-il, son « leader n'en est pas à sa première réhabilitation d’infrastructures aéroportuaires dans cette région. La réhabilitation de cet aérodrome vise à évacuer les malades d’un centre hospitalier qu’il a construit dans ce village étant donné l’impraticabilité de la route qui y mène ». Cet activisme de l’État contraste avec son inaction dans la réalisation de ses missions régaliennes. 

En RDC, il n’est pas rare que des politiques (de la majorité comme de l’opposition) et même des citoyens lambda posent des actions philanthropiques qui suppléent parfois à l'inaction de l’État. Toutefois, cette philanthropie devrait être soumise aux prescrits de la loi et surtout ne devrait pas continuellement déresponsabiliser l’État. En outre, le fait que l'État soit absent sur certains coins de la République, ne justifie pas l'affaiblissement de l’autorité de la loi. Bien sûr que le statut d’opposant ne justifie pas la violation non plus de la loi. Les promesses de changement dans la gouvernance du pays que l’opposition avance souvent devraient commencer aussi par le respect de la loi. 

La suspension des travaux pourrait constituer une pédagogie pour le concerné et pour toutes les personnes qui voudraient, de bonne foi, réaliser à l’avenir les travaux de cette nature. Loin de criminaliser leurs actions, l’État devrait encourager les privés à participer sous sa coordination à la reconstruction du pays. 

 D’ici là, pour recevoir Po Na Biso chaque vendredi sur votre téléphone, rejoignez notre fil WhatsApp en envoyant « GEC » ou « Ebuteli » au +243 894 110 542. À bientôt !

  • RDC
  • Katumbi
  • Tshisekedi
  • Pweto

« Po Na Biso »