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ADF : pourquoi cette nouvelle série de massacres ?

ADF : pourquoi cette nouvelle série de massacres ?

Jun 14, 2024

Entre le 2 et 13 juin, les rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF) ont tué plus de 150 civils dans les villages de Masau, Masala, Mahihi, Keme et Maikengu, dans les territoires de Beni, Lubero et Mambasa. Cette série noire, une des pires de l’histoire de ce mouvement, intervient après près de trois ans d’opérations Shuja et dans une zone où les ADF n'avaient jamais opéré des massacres. Qu’est ce qui explique ce pic de violences dans cette partie du territoire ?

Bonjour ! Je suis Ildefonse Bwakyanakazi, Data manager au pilier violence d’Ebuteli. Vous écoutez le 23e épisode de la saison 4 de Po Na Biso, la capsule audio d’Ebuteli  et du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) qui analyse, chaque semaine, un sujet de l’actualité congolaise. Nous sommes le vendredi 14 juin 2024.

Cette nouvelle série de massacre rappelle que les ADF restent un grave problème dans l’est de la RDC. Le 6 mai, les chefs d’État major des FARDC et de l’armée ougandaise s’étaient félicités du bilan positif de l’opération Shuja, qui avait commencé en novembre 2021, lors d’une session d’évaluation tenue à Kasindi. Cette opération a permis la neutralisation, la capture et la reddition de nombreux chefs et rebelles ADF. De nombreux otages libérés et quelques rebelles se sont rendus, avant d’être rapatriés dans leurs pays d’origine. 

Mais en dépit du bilan positif dressé par les deux officiers, ce mouvement n’a jamais été éradiqué et continue de massacrer la population civile. 

Ces derniers mois, cette activité était particulièrement forte dans le triangle entre la ville de Beni, la commune rurale de Mangina et la localité de Biakato. Ceci avait poussé des civils à fuir vers le nord-ouest. Bien que non protégée par les FARDC ou les militaires ougandais UPDF, la zone où ils se sont réfugiés avait jusque-là été épargnée par les rebelles. Ils pouvaient y développer des activités agricoles produisant des vivres et du cacao.

Mais ces dernières semaines, les militaires engagés dans l’opération militaire Shuja ont initié une série de tirs d’artillerie sur des positions des ADF dans le fameux triangle Beni - Mangina - Biakato. Ces bombardements ont poussé les rebelles à se disperser vers plusieurs zones. Une faction s’est dirigée dans la région nord-ouest de la commune rurale de Mangina, qui n’était pas protégée, et où ils ont pu commettre cette série de massacres.

Cela pousse à s’interroger sur la stratégie de cibler les positions des ADF par des bombardements sans la prise des mesures pour la protection des civils. Contrairement à certaines opérations antérieures, au cours desquelles l’opération Shuja avait mené des opérations de ratissage, après avoir bombardé, les militaires FARDC-UPDF semblent d’être cette fois contentés de bombarder avant de repartir vers leurs quartiers généraux dans la ville de Beni, laissant ainsi la population à son triste sort. Il est donc nécessaire que la protection de civils soit une composante intégrée dans la planification et la mise en œuvre des opérations militaires en cours. 

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