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Le blocage du processus de Luanda

Le blocage du processus de Luanda

Aug 30, 2024

Le 21 août, les ministres des Affaires étrangères du Rwanda et de la RDC se sont réunis une nouvelle fois à Luanda, après la signature de l'accord de cessez-le-feu le 30 juillet, pour trouver une solution à la crise du M23. Alors que le M23 poursuivait sa progression vers le grand Nord, prenant le village d'Ishasha à la frontière ougandaise le 4 août, les médiateurs espéraient que cette réunion pourrait enfin conduire à une désescalade et, finalement, à un accord de paix. Ils ont été déçus : le 22 août, la réunion s'est achevée sans progrès. Que s'est-il passé ?

C'est le sujet de ce 34e épisode de la saison 4 de Po Na Biso, la capsule audio d'Ebuteli, institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence, et du Groupe d'étude sur le Congo (GEC) qui analyse, chaque semaine, un sujet de l'actualité congolaise. Je m'appelle Jason Stearns et je suis le directeur du GEC. Nous sommes le vendredi 30 août 2024.

Pour rappel à nos auditeurs, la crise du M23, qui a débuté en novembre 2021, a donné lieu à deux processus de paix parallèles : l'un basé à Nairobi, axé sur les négociations entre les parties congolaises, notamment les groupes armés, et l'autre basé à Luanda, traitant avec les acteurs régionaux impliqués dans la crise, en particulier la RDC et le Rwanda. Le processus de Nairobi est bloqué depuis près de deux ans en raison du refus de Kinshasa de négocier directement avec le M23. Cette situation a mis la pression sur le processus de Luanda et ses médiateurs angolais pour qu'ils progressent.

La fin de la saison électorale congolaise, avec sa rhétorique exacerbée concernant la guerre - Tshisekedi a déclaré qu'il mènerait la bataille jusqu’à Kigali et a accusé Kagame d'agir comme Adolf Hitler - a fait naître l'espoir que des progrès pourraient enfin être accomplis. Alors qu'un mini-sommet organisé en février en marge d'une conférence de l'Union africaine s'est terminé sans avancée, une réunion de suivi organisée en mars à Luanda a débouché sur un accord : le gouvernement congolais s'est engagé à proposer un plan de neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), après quoi le gouvernement rwandais « reverra les mesures et le dispositif pris pour assurer sa défense et sa sécurité ».

Cet accord était controversé: notre rapport GEC/Ebuteli du mois dernier affirme qu'il y a peu de preuves que la menace des FDLR ait été la cause initiale du soutien du Rwanda au M23. Pourquoi alors incomberait-il au gouvernement congolais d'agir contre les FDLR, alors que le Rwanda a environ 4 000 soldats qui soutiennent le M23 et occupent environ 5 000 kilomètres carrés de territoire congolais ?

Néanmoins, le gouvernement congolais a présenté un plan de « neutralisation » des FDLR le 26 avril, auquel le gouvernement rwandais a fait ses commentaires, et les médiateurs angolais ont produit un plan de compromis lors d'une réunion entre les ministres des affaires étrangères le 30 juillet. Selon des diplomates proches du processus, le président angolais João Lourenço a alors formulé une exigence essentielle : les progrès contre les FDLR et le retrait des troupes rwandaises devraient avoir lieu simultanément.

Cette question de la chronologie semble désormais constituer le point de friction entre les deux parties. Le Rwanda aurait maintenu sa demande que des progrès soient réalisés contre les FDLR avant qu'il puisse revoir ses« dispositions défensives » ; il s'est également opposé à tout cantonnement du M23. Le 11 août, le président angolais s'est rendu à Kigali pour l'investiture du président Kagame et a de nouveau insisté sur la nécessité d'un compromis, avant de se rendre à Kinshasa quelques jours plus tard.

Toutefois, lorsque les ministres se sont réunis à nouveau la semaine dernière, il était clair que peu de progrès avait été réalisé. Aucune décision n'a été prise, si ce n'est que les experts techniques se réuniront à nouveau les 29 et 30 août, et qu'une autre réunion ministérielle se tiendra deux semaines plus tard. 

Qu'est-ce qui pourrait faire avancer ce processus ? Certains diplomates espèrent que les Congolais, malgré l'opinion publique congolaise qui ne comprendrait pas que ce soit Kinshasa qui fasse des concessions , agiront néanmoins contre les FDLR, forçant ainsi la main du Rwanda. À Kinshasa, les responsables espèrent toutefois qu'une pression accrue sur le Rwanda - peut-être de la part du Royaume-Uni, dont le nouveau gouvernement semble disposé à se montrer plus ferme vis-à-vis de Kigali - produira des résultats.

En attendant, vous pouvez consulter notre analyse sur ce sujet et d'autres défis auxquels la RDC est confrontée en recevant Po Na Biso chaque vendredi sur votre téléphone en envoyant « Ebuteli “ ou ” GEC » par WhatsApp au +243894110542. À très bientôt.

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« Po Na Biso »